Vingt ans après la création de son salon champêtre, Gonzague Saint-Bris ne cache pas sa joie d’en avoir fait le grand rendez-vous littéraire de la rentrée.
Sur le balcon de son chalet des chasseurs à Chanceaux, Gonzague Saint-Bris s’efforce de masquer son stress mais la pression de l’évenement est grande.
> Gonzague Saint Bris est né à Loches le 26 janvier 1948.
> Descendant des dynasties Schneider (du Creusot) et Mame (imprimeries), il a été élevé au Clos Lucé à Amboise, propriété de sa famille depuis 1855.
> Écrivain, journaliste, homme de radio et de télévision, pionnier des radios libres, il a publié une cinquantaine d’ouvrages, dont vingt biographies.
> Depuis 1995, à Chanceaux-près-Loches, berceau familial, il organise la Forêt des livres, un festival littéraire gratuit qui reçoit chaque dernier dimanche d’août 150 auteurs en avant-première de la rentrée littéraire.
Vingt ans de Forêt des livres. Quel est votre meilleur souvenir ?
En 2008, il s’est passé une chose incroyable depuis le balcon du chalet au moment de la remise des Lauriers verts. Charles Aznavour a reçu un prix des mains de Jean d’Ormesson. C’était le premier prix littéraire de sa vie. Il était heureux. Un murmure est venu de la foule dans la prairie, qui est devenue un air repris en chœur par tout le monde : « Emmenez-moi… », et Charles Aznavour s’est mis à chanter aussi au micro. Magique !
Et le pire ?
Pas de pire moment, mais ceux qui nous ont quittés parfois tragiquement, comme mon ami de 25 ans Wolinski, qui avait dessiné l’affiche de la Fête des montgolfières à Loches, ou de Florence Arthaud, José Arthur, Ménie Grégoire,… Ils vont nous manquer terriblement.
Les 20 ans, c’est aujourd’hui… Quel moment attendez-vous particulièrement ?
Il y en aura beaucoup, mais les retrouvailles des Nouveaux Romantiques, l’association que nous avions créée en 1978 avec Frédéric Mitterrand, Patrick Poivre d’Arvor, Brice Lalonde… 37 ans plus tard, ils se retrouvent. A part moi, ils ont tous réussi. Il y a même deux anciens ministres !
Vous attendez des dizaines de milliers de visiteurs, 150 personnalités, êtes-vous serein ou stressé avant chaque édition ?
Mais vous n’imaginez pas le stress que nous vivons avec mon équipe depuis des mois et dans les derniers jours. Dimanche, c’est un stress extrême. Il faut tout gérer : est-ce que le camion est bien arrivé ce matin, Christophe Lambert a-t-il bien reçu son billet de TGV ? La princesse de Kent est-elle bien logée ? Il faut faire bonne figure toute la journée, mais le soir, nous sommes tous épuisés, moi comme tous les bénévoles. Je n’ai pas pris de vacances d’été depuis vingt ans. Et chaque année, je me dis que c’est la dernière, mais tous ces gens qui me disent qu’il faut continuer, tous ces auteurs qui veulent revenir l’année suivante, et cette foule immense, c’est miraculeux. La journée de la Forêt des livres est découpée dans l’étoffe du paradis…
Ça vous rapporte quoi, la Forêt des livres ?
« Financièrement, rien. Les premières années, c’est moi qui mettais la main à la poche pour boucher les trous. Aujourd’hui, nous avons des sponsors, des partenaires, des élus qui nous suivent. Ça me rapporte quelque chose qui n’a pas de prix : voir les gens heureux, faire le bonheur des autres, goûter à l’ivresse de cet instant unique… »
Vous-mêmes dédicacerez au pied de votre chalet. Quelle est votre actualité littéraire ?
« Ce dimanche, c’est le 30 août, jour de la mort de Louis XI, ce roi qui a débuté sa carrière à Loches, qui est allé ensuite à Amboise puis à Tours, qui a mis fin à la guerre de Cent ans, qui a créé la Poste. Je publie sa biographie cette année à la rentrée ».
Pourquoi lit-on, à votre avis ?
« Les livres aident les gens à vivre, ils répondent à des questions auxquelles on n’a pas de réponse. Un livre, c’est un compagnon qui ne nous abandonne jamais. Les auteurs sont des amis lointains qui ne cessent de se rapprocher de vous. On ne lit pas pour se débarrasser de la vie réelle, on lit pour résoudre les obstacles qui nous empêchent de vivre cette possibilité d’éternité que vous donne quotidiennement la littérature. »
Que ferez-vous une fois cette édition terminée ?
« Je partirai me reposer, lire et travailler, sur une île, au soleil, loin, comme chaque année. »
Gros lot
C’était jour de chance, vendredi, à Monts. Un habitant de la commune a empoché 500.000 € au jeu « Cash ». Les salariés du Commissariat à l’énergie atomique ont aussi décroché le gros lot. Missionnée par le Président de la République, Marisol Touraine est venue leur annoncer la suspension du projet de fermeture du centre du Ripault. Bien sûr, à quatre mois des élections régionales, certains ne manqueront pas de voir dans cette annonce providentielle une manœuvre politique. D’autant plus que le président de la Région, François Bonneau, et la ministre de la Santé étaient tout particulièrement exposés dans ce dossier. A l’automne dernier, avant les élections départementales, l’ancienne conseillère générale de Montbazon n’avait-elle pas assuré que la fermeture du Ripault n’était pas à l’ordre du jour ? Le ministère de la Défense a bien failli lui jouer un mauvais tour. Mais l’amie du Président a réussi à renverser la table. Ce n’était pas gagné.
du tac au tac
si vous étiez…
Un livre ? « Enfance et Adolescence », de Tolstoï.
Une chanson ? « Message personnel », de Françoise Hardy.
Une qualité ? Comme disait Proust, « Le comble de l’intelligence c’est la bonté ».
Une déclaration d’amour à une femme ? « Tout ce que je comprends, je le comprends parce que je t’aime ».
A un homme ? A son fils, à son père, à son meilleur ami, ce serait : « Je suis fier de toi ! »
Un plat ? Léger.
Un vin. Pourpre et profond.
Jet-set, jet lag ou Jet 27 ? Jet 37 ! J’adore écrire dans un avion quand je sais qu’il va survoler la Touraine.
Une citation ? Un poème de Shelley : « Je ne suis pas de ceux qu’on aime mais de ceux dont on se souvient ».